Les noms traditionnels et leurs équivalents importés

Dans nos sociétés africaines, il n’est pas rare de rencontrer des individus portant toujours des noms dits traditionnels. Au Burkina Faso, en particulier chez les mossé, ces personnes sont souvent considérées par les adeptes des religions « révélées » comme des païens car ne portant pas les noms importés en même temps que ces religions. Ce n’est en réalité pas le cas. En effet, bon nombre de ces noms traditionnels mossé ont « Dieu » (Wend) pour racine et certains ont même leur équivalent dans les langues des religions venues de l’Occident ou de l’Orient. Nous allons parcourir quelques exemples qui illustrent ces propos.

Commençons par « Pĩiga » ou « Pinga », vu comme un nom païen, qui a pour équivalent « Rock » en français et même en anglais et qui est lui, un nom chrétien. Il en est de même pour « Kuguri » ou « Kougri » et son équivalent Français « Pierre ».

Ensuite, considérons le nom « Yamba » et son équivalent arabe « Abdou » ou « Abdoul » largement répandu dans la religion musulmane. Ces deux noms signifient littéralement « esclave » ou « sujet ». Plusieurs phénomènes peuvent expliquer l’attribution de ce nom à un enfant dans la tradition mossé : Par exemple, certains couples perdent systématiquement leurs nouveau-nés juste après la naissance ; afin de briser ce cycle, le nom « Yamba » est attribué au prochain nourrisson. Dans la religion musulmane, le nom « Abdoul » est généralement suivi par un autre nom issu des « 99 noms d’Allah » qui ont aussi des significations représentant les différentes qualités d’Allah. Par exemple « Abdoul Razack » se traduit par « Sujet d’Allah le Pourvoyeur ».

La comparaison des noms traditionnels mossé avec leurs équivalents dans les langues des religions importées révèle une richesse et une profondeur souvent méconnues. Ces noms ne sont pas simplement des étiquettes culturelles ; ils portent en eux des significations profondes et universelles qui résonnent à travers les cultures et les religions. En fin de compte, la traduction est essentielle pour révéler et célébrer cette richesse culturelle. Elle permet de comprendre et de respecter les différentes façons dont les sociétés expriment des valeurs universelles, facilitant ainsi un dialogue interculturel enrichissant et une meilleure appréciation de notre patrimoine commun.

Zida, Abdoul Razack Kiswendsida. « Crédit : Boubacar Zida dit Sid-Naaba, #Toega_tingré SOUS LE BAOBAB Culture et tradition Africaine sur Savane TV N° 00. »

Publié par madoulem

Mamadou Belem is an international English Language trainer. He holds a MA degree in TESOL from Minnesota State University, Mankato ( MNSU) in the United States through the prestigious Fulbright scholarship.

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