Mooré : Caractéristiques phonétiques et structure linguistique

La langue Mooré, parlée par l’ethnie Mossi, est l’une des langues les plus répandues au Burkina Faso, avec une riche diversité linguistique et culturelle. Le Mooré se divise en quatre principaux dialectes : le yaadré (région de Ouahigouya), le taooledé (région de Koudougou), le saremdé (région de Koupèla) et les dialectes du Centre et du Sud, à savoir le lallweoogo, le wubrweoogo et le zudweoogo. Malgré ces variations dialectales, les locuteurs de ces différentes régions parviennent à se comprendre aisément, témoignant de l’unité et de la cohésion au sein de cette langue.

Le Mooré se distingue également par son caractère tonal, un aspect crucial de sa phonologie. Trois schèmes de ton – haut (á), bas (à) et moyen (ā) – déterminent le sens des mots. Un simple changement de ton peut transformer radicalement la signification d’un mot, entraînant des confusions ou des contre-sens pour les non-initiés. Exemples : n sà finir / n sá se promener ; kà cloue / ká ici

Bien que les tons soient essentiels à l’oral, ils ne sont pas représentés à l’écrit, ce qui rend la maîtrise de la langue parlée particulièrement délicate pour les apprenants.

Une autre particularité fascinante du Mooré réside dans son caractère phonétique : tout ce qui est écrit se prononce, et tout ce qui se prononce est écrit.

Exemples : wagdre un voleur, wubsgu poussière, belsdba des flatteurs, sẽlsdba des cracheurs.

 L’alphabet mooré comporte 25 ou 26 lettres, dont 17 ou 18 consonnes et 8 voyelles, selon les variations régionales. Cette structure phonétique claire facilite l’apprentissage de la langue à l’écrit, bien que la maîtrise des tons à l’oral demeure un défi.

Consonnes : (‘=glottale), b, d, f, g, h, k, l, m, n, p, r, s, t, v, w, y, z

Voyelles : a, e, ε, i, ι, o, u, υ.

NB : g = gue ; s=ce, h est toujours aspiré comme dans se hâter, e=é, ε=est, ι= i de pire, u= ou de vous, υ= ou de pour ; les autres lettres se prononcent comme en français.

L’infinitif des verbes est réalisé par le n antéposé à l’impératif deuxième personne du singulier.

Exemple : n tu = creuser s’oppose à tu = creuse.

La nasalisation concerne certaines voyelles et est marquée du tilde espagnol ~. Son non-respect peut conduire à des confusions.

Exemples : – ã, comme dans santé s’oppose à a comme dans pari

n wã casser n wa venir ; n pãre moudre n pare parier

, comme dans lin s’oppose à e comme dans éclore

n wẽke presser n weke éclore ; n tẽke effleurer n teke échanger

ĩ, comme dans ignition s’oppose à i comme dans pipe

n dĩ appuyer n di manger ; abeilles si scie

õ, comme dans monstre s’oppose à o de tomate

n tõge faire pénétrer n toge voyager ; n gõ se promener n go tamiser

ũ, comme dans tundra s’oppose à u de pousser

n tũ accompagner n tu creuser ; n sũ se rassembler n su saouler

Ces caractéristiques montrent à quel point le mooré est une langue vivante et dynamique, ancrée dans les réalités culturelles et historiques du Burkina Faso. Dans ce contexte, l’exploration des particularités de cette langue permet de mieux comprendre son rôle central dans la communication et la transmission des savoirs au sein des communautés mossi.

Par Zida Abdoul Razack Kiswendsida. « Source : ZONGO, Bernard. Petit manuel du mooré pratique (Langue du Burkina Faso)« 

Publié par madoulem

Mamadou Belem is an international English Language trainer. He holds a MA degree in TESOL from Minnesota State University, Mankato ( MNSU) in the United States through the prestigious Fulbright scholarship.

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